{Au
Bonheur des Dames, Emile Zola}
Car
oui, les couturières, débutantes ou confirmées, ne lisent pas que
les livrets d'instructions des patrons ;)
C'est
également l'occasion de découvrir ou redécouvrir un classique.
Si
comme moi la première approche que vous avez eu avec cet auteur date
du lycée, vous avez peut-être le souvenir poussiéreux d'un univers
gris qui dépeint la vie misérable et la décrépitude d'un peuple
écrasé par des élites toutes puissantes et sans coeur. Avec ennui.
(D'aucuns répétaient que L'Assomoir portait bien son nom...)
MAIS
parce qu'il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis, et parce
que les oeuvres libres de droit sont gratuites, j'ai décidé de
redonner une seconde chance au naturalisme. Et je ne le regrette pas!
[Petit
aparté: j'ai lu ce livre sur ma liseuse kindle, amazon m'envoie des
factures de 0,00€, j'adore! Mais si vous n'avez pas de liseuse,
vous pouvez quand même avoir accès à tous ces livres sur votre
ordinateur, notamment grâce à des initiatives comme le Projet Gutenberg
sur
lequel on peut retrouver 100.000 e-books numérisés en anglais,
français, allemand et portugais.]
Résumé:
En
1864, Denise, très jeune femme qui vient de perdre ses parents,
débarque à Paris avec ses deux frères sous le bras. Elle espère
travailler dans le magasin de tissus de son oncle.
Mais
un grand magasin vient de s'installer dans le quartier et bouleverse
toute l'économie des marchands de tissus de la capitale. Son oncle
ne peut malheureusement pas l'employer, et elle se fait donc
embaucher malgré tout, dans cette enseigne ennemie. C'est un monde à
part, avec ses centaines d'employés, sa hiérarchie, ses propres
règles et son patron qui déteste et adore les femmes à la fois.
Avis:
Oubliez
tout ce qu'on vous a dit sur Zola: ce roman là est un conte. J'ai
attendu la fin tragique jusqu'au bout, elle n'est pas venue (désolée
du spoiler, je n'en dis pas plus)(j'avais un souvenir amer de la fin
de Germinal). Je n'en ai pas cru mes yeux lorsque j'ai lu la dernère
page. Je ne dis pas que tout le monde vécut heureux et eut beaucoup
d'enfants, il y a plusieurs décès, mais c'est quand même moins
l'hécatombe qu'un seul épisode de Game of Thrones. Ou Vikings (oui,
je me suis mise à Vikings).
C'est
aussi clairement un bildungsroman, on suit la formation et
l'évolution de Denise, personnage que je trouve moins innocent qu'il
n'y paraît, mais je ne peux m'expliquer sans vous dévoiler toute
l'intrigue... vous me direz ce que vous en pensez!
Mais
pourquoi est-ce que je le conseille aux couturières? Parce qu'il
dresse un portrait très vivant de la naissance des grands magasins,
des modistes, des couturières. On ressent le fourmillement et
l'effervescence des clientes et des employés, le bruissement des
étoffes et des ballots de tissus, et c'est finalement le magasin,
cette grosse machinerie à faire rêver, à faire vendre, qui
transforme les dames respectables en pickpocket, et étouffe les
petits marchands de la capitale, qui est le véritable héros de ce
roman.
C'est
criant de modernité, on assiste à la naissance de la société de
consommation, des prix cassés, mais aussi à la création (oui,
création) des complexes physiques chez les femmes au travers des
débuts du prêt-à-porter. Car si de beaux vêtements deviennent
accessibles au plus grand nombre, les femmes doivent désormais se
fondre dans des tailles standards, et vont se découvrir des épaules
trop carrées, une taille trop large ou des jambes un peu courtes...
Bravo
à ce cher Emile pour son travail d'investigation!
Voilà
donc une lecture intéressante et instructive pour qui aime caresser
un beau tissu.
J'espère
que cela vous aura donné envie de le lire, et si c'est déjà fait,
dites moi ce que vous en avez pensé!
J'avais hâte de le lire cet article !
RépondreSupprimerJe suis TOUT A FAIT d'accord avec toi ! Ce livre... Tu sais que je l'adore !
Je le savais! :)
SupprimerDu coup, je vais pouvoir avoir ton avis:(***SPOILER***) Denise, vraie innocente ou petite manipulatrice, avec son "non non non, je ne sortirai pas avec vous, mais c'est pas parce que je veux que vous m'épousiez", mais on connaît la fin... ?
Je m'attendais tellement à une fin tragique que je ne peux m'empêcher de psychoter! :D
Alors Denise... (SPOILER ^^) Je pense qu'elle est moins innocente qu'elle n'y parait. Derrière son air de pas y toucher, elle sait très bien ce qu'elle veut.
SupprimerAprès, je me demande si Zola n'a pas volontairement fait un personnage un peu "godiche" (oui parce que bon au début on peut pas dire qu'elle soit dégourdie !) afin de prendre le lecteur au dépourvu ! Son but étant de montrer la capacité de ces "magasins de nouveautés" à créer une nouvelle classe sociale...
A chaque lecture je m'interroge (c'est à dire à peu près une fois par an ^^)...
Je crois que ton analyse est tout à fait juste, merci! :)
SupprimerJe n'ai pas lu ce livre mais j'ai vu la série "The Paradise" qui en est inspirée et j'ai adoré !!
RépondreSupprimerCette série m'avait échappé, il faudra que je l'essaie alors, merci!
SupprimerEt ya aussi "Mister Selfridge" un peu dans le même esprit !
RépondreSupprimerAh oui, le résumé wikipedia m'a l'air très tentant... Merci pour cette découverte! Il va falloir que je me fasse porter pâle pour regarder tout ça! ;)
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